Coup de force à la commission des affaires sociales de l'Assemblée. Mercredi, tard dans la soirée, les députés ont adopté à l'unanimité un amendement sur les retraites déposé par le PCF. Arrivé en retard, le président (PS) de la commission, Jean Le Garrec, prend sans aménité acte d'un vote qui, il le sait, va plonger le gouvernement dans l'embarras. De quoi s'agit-il? Tout simplement de permettre aux salariés âgés de moins de 60 ans ayant cotisé quarante ans de prendre leur retraite à taux plein.
Potentiellement, 815 000 personnes sont concernées, dont une infime partie a profité des dispositifs de préretraite ou de départ anticipé des chômeurs âgés (dont l'Arpe). Des dispositifs qui doivent d'ailleurs disparaître dans les prochains mois. Depuis la rentrée, le groupe PS s'inquiète ouvertement du mutisme du gouvernement. La plupart des députés socialistes, dont Alain Néri (Puy-de-Dôme), Gérard Terrier (Moselle), Gérard Fuchs (Seine-Maritime), sont montés au créneau pour réclamer qu'une solution soit ébauchée avant la fin de la législature, comme s'y était engagé le candidat Jospin en 1997. Le 10 octobre, le président (PS) de la commission des finances, Henri Emmanuelli, avait déjà profité de l'audition d'Elisabeth Guigou, ministre de l'Emploi, pour l'interroger sur le coût d'une telle mesure. «Sans doute 30 milliards de francs», avait répondu cette dernière. Le chiffre est, pense-t-elle, suffisamment élevé pour faire taire la base parlementaire, eu égard au contexte budgétaire