Comment faire de l'inédit avec du mieux, plutôt que du neuf avec du vieux ? A l'orée de la campagne électorale, les socialistes sont en quête d'un nouveau souffle. Ils se heurtent à une équation délicate : comment renouveler une besace programmatique vidée par cinq ans de pouvoir ? L'exercice vire au casse-tête pour un parti pressé d'en découdre, mais privé de candidat déclaré à la présidentielle jusqu'en mars.
Profitant de l'effacement de Martine Aubry, qui prépare le «projet» dans une discrétion qui déçoit jusqu'au coeur du PS, les deux principaux courants du parti, les jospino-rocardiens de «Socialisme et démocratie» et les amis de Laurent Fabius, se sont efforcés, samedi, de tirer la couverture à eux. Les premiers, au grand jour, histoire d'étaler leurs forces, lors de leurs premières «rencontres nationales» réunies à Paris ; les seconds, à huis clos, en reprenant le cours de leur rassemblement traditionnel au théâtre municipal de Clichy. Avec, des deux côtés, la même préoccupation : servir au mieux la cause jospiniste.
«En première ligne». «Socialisme et démocratie» s'approprie la filiation du Premier ministre : «Courant jospinien», selon Jean-Christophe Cambadélis, il est «l'axe central du PS», aux dires de Dominique Strauss-Kahn. D'extraction concurrente, les fabiusiens compensent leur défaut de parenté par une loyauté sans faille : saluant «le sérieux, la détermination et l'efficacité» de Jospin, Laurent Fabius a donc exhorté ses troupes à «se tenir en première ligne»