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Libération
Interview

Dalil Boubakeur : «Nous sommes prêts à être des Voltaire de l'islam»

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Le recteur de la mosquée de Paris défend la tolérance.
publié le 29 octobre 2001 à 1h24

Dalil Boubakeur, professeur de médecine, n'est pas à proprement parler un religieux musulman. Fils du théologien Si Hamza Boubakeur, il est recteur de l'Institut musulman, qui gère la mosquée de Paris ainsi qu'une centaine d'imams et de lieux de culte en France. S'il s'estime entendu quand il martèle depuis le 11 septembre que «l'islam est une religion de paix», il avoue sa déception face au processus de consultation du ministère de l'Intérieur en vue de créer le Conseil français du culte musulman. Selon lui, cette consultation favorise sans discernement l'islam fondamentaliste. Financé en grande partie par l'Algérie, l'Institut musulman prétend incarner l'islam maghrébin.

Alors que le processus pour élire le futur conseil du culte n'a pas encore abouti, le président de la République a reçu les membres de la consultation. Le Premier ministre s'apprête à le faire prochainement. Vous étiez opposé à ces visites, pourquoi?

Ce sont des craintes qui me viennent des nombreuses questions posées par tous les jeunes avec lesquels nous travaillons, sur le terrain, en banlieue et en province. Nos jeunes sont inquiets... Quand on voit l'inertie de la société française devant le spectacle de personnes appelant à tort et à travers à la guerre sainte, on se dit jusqu'où, jusqu'à quand va-t-on tolérer cela? Il est évident que le 11 septembre a joué le rôle de révélateur: c'est le summum du fanatisme en délire. Plus jamais ça! Quand la folie est meurtrière, il faut prendre des mesures. Nous n'acceptons pas que le talibanisme devienne l'islam de nos banlieues. Or il y a un risque de voir l'islam le plus radical trouver une écoute auprès d'une jeunesse fragilisée... Il y a quelques raisons d'être inquiet quand on découvre qu'il existe des ré