Des poulaillers grillagés qui barrent le chemin de halage, des bouteilles qui flottent aux abords des villes, des sacs de détritus éventrés, des berges affaissées, des platanes malades... «Vieux papy de 300 ans», devenu célèbre et fréquenté par 11 000 bateaux touristiques par an depuis son classement en 1996 au patrimoine de l'Unesco, le canal du Midi est en danger. Victime autant de son succès soudain que du délaissement dont il est l'objet depuis la mort des «pinardiers» (bateaux qui transportaient le vin) au début des années 70. «Tout ça, c'est la non-gestion du canal», pointe du doigt, au fil de l'eau, Jacques Delhay, batelier reconverti dans les croisières fluviales.
Nuisances. Cofondateur, avec d'autres professionnels du tourisme fluvial, des offices du tourisme et des amoureux du canal, de l'association Rives reines, Jacques Delhay tire la sonnette d'alarme. Et il dresse la liste des agressions dont le canal est aujourd'hui victime. Première d'entre elles, la vitesse pratiquée par les bateaux. Elle est normalement limitée à 8 km/heure, mais rares sont ceux qui les respectent. Or plus ils vont vite, plus ils font des vagues, et plus celles-ci grignotent les berges. Sans parler de «l'agressivité qui détériore l'esprit de ce tourisme», explique-t-il.
Propriétaire et gestionnaire du canal du Midi, Voies navigables de France (VNF) le confirme: sur les 54 bateaux contrôlés l'été dernier, seuls six respectaient la vitesse de 8km/heure. Pour aussitôt préciser: