La proposition est à chaque fois la même. Elle émane de François Bayrou. «Et si l'un de nous se retirait de la course à la présidentielle?», suggère-t-il à Alain Madelin. Et le président de l'UDF d'argumenter: «Nous nous cannibalisons l'un l'autre. Nous sommes des frères siamois. Pour avoir une chance que notre famille fasse un bon score face à Chirac au premier tour, il faut que l'un de nous deux s'efface.» Le constat n'a rien de farfelu. Les deux plafonnent à 5 % dans les sondages, aucun ne pouvant espérer dans l'immédiat s'approcher du score de la liste UDF aux européennes (9,3 %) ou jouer le rôle de «troisième homme» dans la bataille présidentielle.
Y a-t-il une place pour deux candidats non gaullistes en 2002? Cette discussion revient, mois après mois. A peine l'ancien ministre de l'Economie et des Finances avait-il fait part de ses intentions de se lancer dans l'aventure que son alter ego centriste lui demandait de se ranger derrière sa bannière. Car c'est bien ainsi que François Bayrou voit les choses. Persuadé qu'il dispose d'un espace politique plus large que celui de Madelin, il le verrait bien se sacrifier. Le hic, c'est que le candidat libéral pense exactement le contraire. «Alors que Jacques Chirac adopte une position centrale, nous sommes en mesure d'attirer une partie de l'électorat de droite», soutient son conseiller, le député européen Hervé Novelli. Pour lui, l'affaire est entendue: si l'un des deux décolle, ce ne sera pas Bayrou, acculé aux acquêts du centr