Fonction oblige, c'est Laurent Fabius qui a levé le lièvre, hier matin, lors de la réunion du gouvernement qui se tient tous les quinze jours à Matignon. Lionel Jospin venait de se féliciter de la mise en place de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) au 1er janvier : «C'est important, tout le monde m'en parle», a-t-il dit, relayé par les autres ministres.

Laurent Fabius est alors intervenu pour lancer une mise en garde. «C'est une bonne réforme, mais n'oublions pas les contraintes budgétaires», a-t-il dit en substance, avant de citer, avec un peu d'inquiétude, les chiffres des dernières mesures annoncées par le gouvernement : «3 milliards de francs par ici, 700 millions par là.» L'allusion n'a échappé à personne. 3 milliards, c'est le coût de l'aide annoncée la semaine dernière par Elisabeth Guigou, ministre des Affaires sociales, en faveur des cliniques ; 700 millions, c'est la ligne budgétaire arrachée, mardi, par Daniel Vaillant, son collègue de l'Intérieur, pour l'achat de gilets pare-balles pour les policiers. Pour Fabius, il s'agissait de rappeler les réalités budgétaires. Une admonestation qu'il a d'ailleurs eu l'occasion d'exprimer récemment en public : «Dans l'intérêt même de l'emploi et de la solidarité durables, il ne serait pas raisonnable de multiplier les engagements de dépenses de fonctionnement non financées», avait-il lancé, lundi, en appelant «les responsables politiques, de droite comme de gauche», à «faire attention à ne pas excéder nos moyens».

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