La taxe Tobin a joué son rôle fédérateur. Hier, les députés ont adopté en première lecture, par 297 voix contre 245 et neuf abstentions, l'ensemble du projet de budget 2002. L'opposition, de son côté, a rejeté un texte «un peu plus irréaliste chaque jour», compte tenu du ralentissement de la croissance. En revanche, à l'exception des huit députés chevènementistes qui, pour la première fois depuis 1997, se sont réfugiés dans l'abstention, la gauche a applaudi les dispositions budgétaires pour 2002, dans une ambiance de fin de classe.
L'amendement Tobin, ce «pied de nez salutaire à la mondialisation libérale» selon l'expression du député RCV Jean Rigal, est passé par là. Signe de temps préélectoraux, la majorité avait, quelques heures plus tôt, satisfait une revendication phare de la gauche militante et du mouvement antimondialisation en adoptant le principe d'une taxation des transactions sur les devises (assorti d'un taux maximum de 1 %). Une première en Europe, une seconde dans le monde le Canada s'étant prononcé en faveur d'un tel dispositif en avril 1999. Mais rien que de très inoffensif: le dispositif voté n'entrera en vigueur qu'à condition d'être appliqué par l'ensemble des pays de l'Union européenne, ce qui n'est pas prêt d'arriver eu égard à l'hostilité ouverte de certains membres de l'UE, à commencer par l'Allemagne. «La victoire est symbolique, mais c'est un premier pas», s'est félicité le député PS Yann Galut, membre de la coordination Attac de l'Assemblée nation