Le Charles-de-Gaulle s'en va-t-en guerre. Le porte-avions appareillera samedi soir de Toulon pour l'océan Indien afin de soutenir l'opération américaine «Enduring Freedom». Il devrait arriver «sur zone» vers la mi-décembre. C'est la première mission réelle du navire amiral de la Marine, qui a connu des mois de galère.
Mercredi, au large des îles de Hyères, les pilotes s'entraînaient à apponter avec leurs Super-Etendard. Après cinq mois d'interruption pour «entretien programmé», pas facile pour les plus jeunes de poser, sur quelques dizaines de mè tres, un avion de 8,5 ton nes lancé à 220 km/h. Dans un bruit d'enfer, les «touch-and-go» se succédaient. Le temps d'une courte visite, le «PA» (le porte-avions, dans le jargon des marins) accueillait les députés de la commission de la défense. Pour leur président, Paul Quilès (PS), c'était l'occasion de retrouver, apposée sur une cloison, la lettre de commande du bateau signée de sa main de ministre de la Défense, le 2 février 1986. Plus de quinze ans entre la commande et la première mission...
«Enfin!» Sur le pont d'envol, un jeune marin ne cache pas sa joie de partir. Depuis la fracture de l'hélice, le moral de l'équipage était en berne. Le 8 novembre, il avait pris un nouveau coup. Le plus douloureux de tous. Gravement empoisonné par une fuite du système interne d'évacuation des eaux usées, un jeune marin est toujours dans le coma à l'hôpital de Toulon.
Le Charles-de-Gaulle part, mais ne sait pas exactement ce qu'i