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Libération
Analyse

Conjurer la malédiction

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Jamais un Premier ministre en exercice n'a accédé à l'Elysée.
publié le 6 décembre 2001 à 1h52

Pourquoi aucun Premier ministre en exercice n'a-t-il jamais réussi à se faire élire à l'Elysée? Concernant l'avenir électoral de Lionel Jospin, depuis hier soir candidat «probable» à la présidentielle, voilà bien la question essentielle dont on imagine qu'elle continuera à le hanter jusqu'au 5 mai. Jacques Chirac en 1988, Edouard Balladur en 1995, ont subi les effets de cette règle non écrite de la Ve République. Mais l'athée Jospin n'est pas homme à croire à une malédiction qui toucherait la fonction. Les règles non écrites de la République ne contraignent que ceux qui veulent bien s'y soumettre. L'ancien premier secrétaire du PS n'en a-t-il pas déjà brisé une en 1997, celle qui voulait que la gauche ne gagne des législatives que quand elles suivent une présidentielle? Jospin, homme d'un précédent, pense donc pouvoir réussir là où Chirac et Balladur ont failli. Mais cela l'oblige à tirer les leçons des échecs de ses prédécesseurs.

L'imprévu. La première, d'évidence, est que la fonction de Premier ministre n'est pas une sinécure. Et que jusqu'au dernier jour d'une campagne, il peut arriver au chef du gouvernement un «accident», l'imprévu qui vient tout remettre en cause, modifier l'humeur des électeurs dont une part de plus en plus large se détermine dans les heures qui précèdent le vote. Un mouvement social, un attentat, un scandale judiciaire, etc. Chirac, en 1988, avait dû gérer l'attaque de la grotte d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie; Balladur, la mise en cause de Charles Pas