C'est le type même du type qui n'a l'air de rien. Epaules tombantes, paupières aussi, embonpoint de sénateur et démarche lente, Jean-Pierre Raffarin n'est pas un flamboyant. Il est de ceux que l'on ne remarque pas, dont le visage au nez cassé, dit vaguement quelque chose sans que l'on puisse mettre un nom dessus. Cet homme-là est pourtant devenu une des clés du dispositif Chirac. En quelques années, il a gagné la confiance du chef de l'Etat. Au point d'être cité parmi les «premiers ministrables» en cas de victoire en 2002.
Longtemps, il a été un passe-partout de la politique. Dans l'ombre de son père d'abord, patron de laiteries, maire, conseiller général de la Vienne et secrétaire d'Etat à l'Agriculture de Pierre Mendès France en 1951. Dans celle, ensuite, de René Monory, le cacique local, puis de Valéry Giscard d'Estaing, avant de mettre sa discrétion au service de Jacques Chirac.
De ses mentors, il a reçu des leçons capitales. La patience, avec Monory qui l'a fait poireauter dix ans avant de le lancer à la tête de la région Poitou-Charentes en 1988. La malice, avec Giscard qu'il qualifie de «génial», encore fasciné. Et tout un tas de petites ficelles. «Quand je suis entré au ministère des PME, Monory m'a donné quelques règles d'or: passer au moins trois jours sur le terrain loin du ministère, ne jamais lire un discours que l'on n'a pas écrit soi-même, ne pas se laisser donner d'ordre par qui que ce soit d'autre que le Premier ministre. Elles m'ont bien servi.»
Maroquin. En b