Mal-aimé, il se sent mal-aimé. La complainte de Laurent Fabius n'est pas neuve. Mais il la reprend en plein tour de chauffe de la campagne présidentielle. Le ministre des Finances et ses troupes ont le sentiment d'être tenus à l'écart du dispositif qui se met en branle pour servir le «probable» candidat Jospin. De froissements d'ego en rivalités éternelles, les frictions se multiplient. Et les jeunes pousses socialistes se chargent d'attiser l'ambiance.
Le dernier incident en date remonte au week-end dernier, à Lille, pendant le congrès du Mouvement des jeunes socialistes (MJS). Dans la nuit de samedi à dimanche, un bus ramène les derniers congressistes de la salle où ils faisaient la fête. Un tantinet éméchés, les joyeux noceurs, membres de Nouvelle gauche, le courant proche de Martine Aubry qui tient les rênes du MJS, entonnent: «Martine à Matignon, Fabius en prison!»
«Dérapage inadmissible». La ritournelle est revenue aux oreilles de Fabius. Fou de rage, il a alerté mercredi François Hollande de ce «dérapage inadmissible». Menaçant de retirer ses fidèles de la direction du MJS, il a exigé des excuses. La nouvelle présidente du MJS, Charlotte Brun, s'est fendue hier d'une lettre au ministre des Finances, dans laquelle elle assure ne rien savoir de ce karaoké improvisé, promet des sanctions à l'égard des chanteurs et se tient à sa disposition pour en discuter de vive voix.
Cet épisode s'ajoute à une liste, déjà longue, d'accrochages entre fabiusiens et jospinistes ces dernière