L'une affiche sa bobine sur de grands placards publicitaires, l'autre devra se contenter des collages militants sur les panneaux de libre expression, autrement dit de placardages sauvages. Sur plus de 15 000 panneaux réservés à la société Jean-Claude Dauphin, Arlette Laguiller, candidate de Lutte ouvrière à la présidentielle, s'y proclame «toujours dans le camp des travailleurs». D'une facture plus artisanale, les affiches de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) donnent la composition du produit Olivier Besancenot, garanti «100 % à gauche». La pasionaria de la classe ouvrière reçoit dans ses locaux de campagne, un appartement bourgeois au deuxième étage d'un immeuble cossu du Xe arrondissement, siège des éditions d'Avron liées à Lutte ouvrière. Olivier Besancenot, 27 ans, passe, lui, du sous-sol de la librairie de la LCR, La Brèche, dans le XIIe arrondissement, au siège du parti d'extrême gauche à Montreuil ou au hall d'un hôtel près de la gare de Lyon, à Paris.
«Poste révolutionnaire». La porte-parole des «travailleurs et des travailleuses», quasi certaine de dépasser la barre des 5 % de voix qui conditionne le remboursement par l'Etat des frais de campagne électorale, part avec un budget de près de 15 millions de francs obtenu grâce à un prêt bancaire. Le facteur de la LCR, surnommé le «poste révolutionnaire» par ses camarades, calcule au plus juste pour ne pas dépasser son enveloppe de 5,5 millions de francs, le strict minimum. D'autant que son score peine à atteindre