Jacques Delors trahi par les siens? La désignation de Valéry Giscard d'Estaing, samedi, à la présidence de la Convention chargée de préparer la réforme des institutions européennes, a laissé un goût d'amertume à l'ancien président de la Commission européenne. Ce week-end, dans le Journal du dimanche, il a reproché à Jacques Chirac et surtout à Lionel Jospin «leur double indélicatesse. Ils n'ont jamais dit qu'il y avait en France deux candidats, Giscard et moi. Ils ne m'ont même pas appelé pour m'annoncer que leur choix s'était porté sur Giscard». Un procès que l'Elysée et Matignon récusent. En réalité, insistent les deux maisons, si Giscard l'a emporté, c'est qu'il s'était donné les moyens de gagner cette compétition. «Si Delors avait été intéressé, il lui fallait faire campagne comme Giscard», commente l'entourage du Premier ministre.
Discussions. A l'origine, la France ne lorgnait pas particulièrement sur cette présidence. C'est Valéry Giscard d'Estaing qui, tout seul, a monté l'opération. Le 8 octo bre, il a écrit à Jacques Chirac et à Lionel Jospin pour faire acte de candidature. Les deux têtes de l'exécutif français en discutent, s'interrogent sur d'au tres candidatures possibles. Par exemple, celle de Jacques Delors. Celui-ci est invité à Matignon le 18 octobre. Selon sa propre version au JDD, il dit à Jospin: «Je suis disponible et plutôt favorable, si vous pensez que je peux être utile. Mais je ne me porterai pas moi-même candidat pour ne pas vous gêner, pour ne pas v