Et si le «troisième homme» avait une tête de revenant d'extrême droite plutôt que de «miraculé de la République?» On le croyait enseveli sous les décombres de la scission du FN, et voilà qu'à 73 ans, pour sa quatrième campagne présidentielle, Le Pen bouge encore. Au gré des enquêtes d'opinion qui le situent entre 8 % et 10 % des intentions de vote, le leader d'extrême droite, en net retrait par rapport à sa performance de 1995 (15 %), a repris des couleurs au regard de son piètre score des européennes de juin 1999 (5,6 %). Suffisamment pour disputer à Jean-Pierre Chevènement la troisième marche du podium élyséen. Et se vanter d'une résurrection... qui n'en est pas une. Car seule une illusion d'optique a fait passer son affaiblissement, réel, pour un enterrement prématuré.
Excès d'indignité. «Dans les commentaires électoraux, le FN a toujours souffert, soit d'un excès d'honneur, soit d'un excès d'indignité», souligne le directeur du Centre d'études de la vie politique française (Cevipof), Pascal Perrineau. «Depuis trois ans, on était dans l'excès d'indignité. Tout le monde faisait comme s'il n'existait plus...» Or, dès les européennes de juin 1999, à peine six mois après l'explosion du FN, l'addition des résultats des listes Le Pen (5,6 %) et Mégret (3,3 %) atteignait 8,9 % des voix contre 10,54 % pour la liste frontiste cinq ans plus tôt. Aux municipales de mars, dans les 295 villes de plus de 9 000 habitants où l'extrême droite était présente, le cumul des scores des frères