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Libération

Au coeur de Marseille, un «bidonville vertical»

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Après avoir longtemps ignoré le problème, les pouvoirs publics s'attaquent aux copropriétés délabrées. Victimes des marchands de sommeil, les 6 000 habitants de la cité Bellevue vivent des situations inhumaines.
publié le 26 décembre 2001 à 2h04

C'est sans doute le problème de logement le plus épineux que les pouvoirs publics vont devoir affronter dans les années qui viennent. Des immeubles récents, dans un état de ruine avancé, habités par des propriétaires pauvres et endettés, ou par des locataires exploités par des marchands de sommeil. Vues de loin, les copropriétés dégradées ressemblent à s'y méprendre à des cités HLM ordinaires. Mais l'intervention sur ces lieux en déshérence est autrement difficile. Là où les organismes HLM ont appris, depuis vingt ans, à entretenir leur patrimoine avec plus ou moins de succès, personne ne s'est occupé de ces gigantesques immeubles, morcelés entre les mains de centaines de propriétaires. Les pouvoirs publics savent pourtant depuis longtemps dans quel état sont ces bâtiments. Et dans quelle misère vivent leurs habitants. Mais les outils financiers et réglementaires pour intervenir ne sont disponibles que depuis peu: la loi «solidarité et renouvellement urbain» (SRU), des grands projets de ville, des sites prioritaires, de l'argent. Tout reste à faire.

Il y a des murs qui pèlent à force d'humidité, des fils électriques à nu, pas de chauffage, ni d'eau chaude depuis belle lurette. «Je vis dans la merde», résume un locataire. Et la merde, ici, vaut cher: 2600 francs par mois (400 euros) pour un T4 pourri. Le plombier qui répare les WC parle de conditions «inhumaines». «Peut-être suis-je trop humain», se reprend-il. Non. Bellevue, 143, rue Félix-Pyat, une adresse, six mille habitan