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Libération
Reportage

Le lepénisme surnage dans le Beaujolais

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L'ancien bastion du Front national a perdu ses cadres, mais le racisme et l'insécurité restent dans les têtes.
publié le 28 décembre 2001 à 2h05

Villefranche-sur-Saône

envoyé spécial

Une ferme cossue du Beaujolais. Un chien aboie derrière la porte. Pierre Coquard, viticulteur, responsable de circonscription du Front national, vient ouvrir. «Vous avez de la chance qu'il était pas lâché. Faut sonner avant d'entrer dans la cour.» L'homme n'est pas aimable, mais la visite ne sera pas longue. «Militant de base jusque-là», Coquard ne parvient pas à répondre aux questions. Il n'est devenu responsable que lorsque «les autres sont allés voir ailleurs». Il ne connaît ni les fiefs ni les scores de son parti aux dernières élections. «Ils sont partis avec les archives», soupire-t-il. Son haussement d'épaules résume le dénuement du FN dans le coin. L'appareil est en ruine à Villefranche et dans le bas Beaujolais, l'une de ses anciennes places fortes. Dans cette circonscription, en 1997, Jean-Pierre Barbier, conseiller régional FN, faisait 34,7 % au second tour des législatives. Avec des pointes à plus de 45 % dans les quartiers populaires. Depuis, le Front a explosé, Barbier a pris ses distances, «mais le fonds de commerce est toujours là», affirme-t-il. Aux dernières cantonales, à Villefranche, l'extrême droite a totalisé 20 % des suffrages au premier tour. Le ferment n'a pas disparu. Ségrégation, racisme et insécurité pourrissent toujours Villefranche comme les villages des alentours, entretenant Le Pen dans les têtes.

Une véritable machine de guerre

Jusqu'à l'implosion, Barbier, industriel local et président du club de football de