Avant d'aller présenter leurs voeux hier matin au chef de l'Etat, Lionel Jospin et ses ministres se sont retrouvés pour le traditionnel petit déjeuner au ministère de l'Intérieur. Ceux qui avaient passé leurs vacances sous les tropiques Claude Bartolone, Jean Glavany ou encore Ségolène Royal ont comparé leur bronzage. Mais la détente n'a pas duré longtemps. Pour le déjeuner, ils avaient rendez-vous à Matignon, où le Premier ministre les a fait plancher sur le rapport du député PS Julien Dray, prélude à un toilettage de la loi de présomption d'innocence.
Indignation. Commandé au plus fort de la contestation policière, le rapport Dray émet plusieurs propositions. Une seule fait l'objet d'un très large consensus: permettre au ministère public de faire appel des arrêts d'acquittement rendus par une cour d'assises, pour rétablir une certaine égalité entre les parties.
Pour le reste, les propositions ont tendance à être considérées comme insuffisantes par les syndicats de policiers, tandis qu'elles provoquent l'indignation des avocats et d'une partie de la magistrature. Julien Dray propose notamment de maintenir l'enregistrement audiovisuel des gardes à vue de mineurs seulement pour les auteurs présumés de crimes (pas pour les simples délinquants). Il suggère aussi de reformuler le «droit au silence», de manière à faire sentir au gardé à vue que le mutisme n'est pas forcément le meilleur moyen de s'en sortir. Il estime enfin nécessaire de rétablir une hiérarchisation des priorit