Ancien élève de l'école d'officiers de Saumur, Lionel Jospin a gardé de ses années à l'armée un goût pour les opérations bien préparées, suivies d'offensives intenses et, si possible, courtes. Plus que jamais, à trois mois du premier tour de l'élection présidentielle, le voici campant en général à la manoeuvre. Début mars, au plus tard, il sera candidat: la campagne proprement dite durera donc un mois et demi. Avant ce cap, il reste à peu près autant de temps. Six semaines pour préparer les trou pes, régler le dispositif, arrêter la stratégie, fourbir les munitions, et ce, si possible, dans le secret. «Sous le boisseau», pour reprendre l'expression d'un proche.
Ce matin, pour la cinquième et dernière fois, le Premier ministre présentera ses voeux à la presse. Ce rituel a toujours été l'occasion de discours très politiques. L'ultime cru 2002 n'échappera pas à la règle, d'autant que l'actualité récente l'y invite, depuis la censure du Conseil constitutionnel sur la loi de modernisation sociale (lire page 15) à la démission du juge Halphen (lire pages 2 à 5) en passant par l'euro. Mais, pour une fois, l'essentiel se jouera ailleurs.
Choix du QG. Le travail préparatoire se déroule sur deux registres. D'une part, l'organisation. Officiellement, c'est le Parti socialiste seul qui s'en occupe, par le biais de son «collectif de campagne» qui se réunit chaque mardi, vers 10 h 30, autour de François Hollande, Jean Glavany (directeur de campagne) et de l'équipe du communicant Jacques Ség