Conseiller social de Pierre Mauroy à Matignon de 1981 à 1983, Bernard Brunhes (61 ans) dirige aujourd'hui un cabinet de consultants.
Les syndicats, en particulier la CFDT, ont nourri dans les années 70 et 80 la réflexion politique de la gauche. C'est moins vrai aujourd'hui, alors que le Medef sert de réservoir d'idées pour la droite. Comment l'expliquez-vous?
Il est indéniable que le Medef joue le rôle de réservoir d'idées pour la droite. Mais cela ne s'est pas fait d'un coup, et l'organisation patronale fait très attention à ne pas développer un programme politique global. Les innovations du Medef se limitent avec raison au domaine de l'économie qui est le sien. Ainsi, quand il défend le Pare (le plan d'aide au retour à l'emploi pour les chômeurs), il ne traite pas la question des plus démunis, qui sort de son champ économique. Il intervient sur l'assurance sociale, mais pas sur la couverture maladie universelle. Il s'intéresse à la formation professionnelle, qui est de son ressort, mais ne prétend pas réformer l'Education nationale. Il s'inscrit sur toutes ces questions dans un discours que l'on pourrait qualifier de libéral intelligent. Ce qui fait que la droite ne peut que le reprendre à son compte. Les dirigeants actuels du Medef ont su adroitement rassembler tout ce qui existait déjà, dans le cadre de l'ancien CNPF, ou dans des lieux comme Entreprise et Progrès. Ils mènent des actions originales pour faire avancer des idées, qui sont pour beaucoup celles de Denis Kessler