Ça bouchonne dans l'escalator en panne du conseil général des Hauts-de-Seine. En haut, le président du département, Charles Pasqua, et son épouse, Jeanne, saluent un à un leurs 1 500 hô tes. Une caméra vidéo retransmet sur un écran géant chaque arrivée: des militaires en grand uniforme, des bétonneurs locaux, les époux Balkany, les Devedjian, l'architecte Roland Castro, des diplomates africains, des femmes parfumées en robe du soir, des obligés... Dans la salle, les lumières sont tamisées. Un décor club de jazz new-yorkais des années 50 a été reconstitué. En fond sonore, My Way de Franck Sinatra. En coulisses, un big band et une danseuse à chapeau haut de forme blanc s'échauffent.
Miettes. Le buffet est gargantuesque: bancs d'huîtres, magnums de champagne, canapés salés et sucrés à profusion, rivières de fruits exotiques. Ce lundi 14 janvier, le patron du département le plus riche de France présente ses voeux. Pourtant, beaucoup d'«amis» attendus ne viendront pas: la sulfureuse auberge Pasqua ne leur convient plus. D'autres continuent à s'y afficher, qui guettent la succession comme le maire d'Issy-les-Moulineaux, André Santini (UDF), ou ses miettes.
Les épaules de Pasqua, bientôt 75 ans, sont voûtées; le pas a ralenti. Mais sa bouche de bonimenteur et son oeil à malice n'ont pas bougé. Cerné par les affaires, arrosé par les frasques de son ami Marchiani, lâché par des proches, calé à 2 % dans les sondages d'intentions de vote, l'ancien ministre de l'Intérieur n'en affiche pas