Comme un air de fin de règne. Des bombes à retardement qui finissent par exploser. Des paris qui échouent. Des changements de pied, des hésitations, des mesures prises à la hâte... La décision du Conseil constitutionnel sur la Corse vient à la fois couronner et illustrer la situation paradoxale de Lionel Jospin à trois mois de l'élection présidentielle: loin de pouvoir préparer tranquillement sa candidature, le voici rattrapé et encombré de dossiers qu'il croyait avoir bouclés il y a deux, trois, quatre ans.
Cadeau inespéré. L'énumération des revers gouvernementaux depuis la fin de l'automne est impressionnante: ralentissement de l'économie, remontée du chômage, grogne des professions de santé, révolte des policiers et des gendarmes, aller-retour sur la présomption d'innocence... Sans oublier les décisions précédentes du Conseil constitutionnel: censure du financement des 35 heures, censure de la loi de modernisation sociale. Pris individuellement, chaque dossier peut se plaider et le Premier ministre peut faire valoir mille circonstances atténuantes. Considérées dans leur globalité, ces crises ternissent son bilan et ce «bien gouverner» dont il se flatte volontiers. Pour Jacques Chirac, qui peine à définir son argumentaire anti-Jospin, c'est un cadeau inespéré.
Dans ce paysage chaotique, la Corse occupe une place à part. Le texte résume à lui seul le quinquennat Jospin. Marquant un changement de cap à 180 degrés, il a symbolisé la volonté du Premier ministre d'innover. Le rép