Et soudain la sonnerie du téléphone s'emballa. L'agenda devint trop étroit, les rendez-vous trop nombreux, la boîte aux lettres trop petite. Jean-Pierre Raffarin était devenu «premier-ministrable». Jusqu'il y a peu, le président Démocratie libérale de la région Poitou-Charentes ne bénéficiait pas d'une notoriété ébouriffante. Il n'était guère connu en dehors des rues de Poitiers ou des couloirs du Sénat. Puis son nom fut cité pour Matignon. Par des proches de Jacques Chirac d'abord, dont il fut dit qu'il le choisirait peut-être pour conduire son gouvernement en cas de victoire en 2002. Par les médias ensuite, qui se mirent à s'intéresser de près à cette étoile montante. «Tout d'un coup, nous nous sommes découvert plein de nouveaux amis, constate, amusé, un de ses proches. Des gens dont on n'avait jamais entendu le son de la voix se manifestent aujourd'hui. La traditionnelle fournée des cartes de voeux n'a jamais été aussi abondante.» Chefs d'entreprise, syndicalistes, ambassadeurs, la liste est longue de ceux qui réclament rencontres et audiences à Raffarin.
«Défilé du CAC 40». Tous ceux dont les noms sont accolés aux mots «peut-être» et «Premier ministre» font l'objet de sollicitations identiques. Selon l'un de ses collaborateurs, l'UDF Philippe Douste-Blazy est assailli depuis l'été par des «coups de fil permanents». Les capitaines d'industrie François Pinault (Printemps-La Redoute) et Bernard Arnault (LVMH) ont souhaité le rencontrer. Tout comme les patrons d'Airbus Indust