«Regarde comme je suis bien habillé, maintenant!» Lundi 21 janvier, recevant les dirigeants et les permanents du PS à la Maison de l'Amérique latine, Lionel Jospin rigolait avec François Hollande, le patron des socialistes. A ses côtés se trouvait Nathalie Mercier, jeune communicante aimablement prêtée par Jacques Séguéla, l'un des dirigeants de l'agence Euro-RSCG, pour soigner les petits détails qui font les belles prises de vue. De sa présence aussi, il s'amuse: «Oui, maintenant, c'est moi qui vais m'occuper de son look.» Petits rires entre amis, pour constater un changement, presque une rupture: oui, depuis l'automne, le futur candidat assume les nécessités de l'«image».
Contraste. Contrairement à une légende tenace, Lionel Jospin n'a jamais été réticent aux exigences de la communication politique. Simplement, en arrivant à Matignon en 1997, il avait le souci de faire contraste à la fois avec la communication sophistiquée de Mitterrand et le marketing intensif de Chirac. Sa nomination, il l'avait annoncée lui-même, sur les marches de l'Elysée. Le mythe d'un Premier ministre s'exprimant à la sauvette, sur le perron de Matignon, de retour de rendez-vous, lui a longtemps tenu lieu de viatique. Cela faisait simple, naturel. Pour le reste, il était soucieux de parler «en fonction»: lors de réunions officielles ou bien à l'Assemblée nationale. La moindre innovation, pensait alors Jospin, aurait été interprétée par la droite et la presse comme une tentative de poser en Président