Pas une pression. Juste un «désir», pour user du verbe jospinien. Le 4 décembre dernier, à Matignon, le Premier ministre reçoit Bertrand Eveno, PDG de l'Agence France presse, entreprise semi-publique. Officiellement, les deux hommes conversent du financement de l'agence et de son statut. Mais aussi de la «couverture» par l'agence des activités du chef de gouvernement. Jospin ne se plaint pas. Pas le genre. Insidieusement, il parle d'«équilibre», de «parallélisme», d'«équité». Et finit par s'inquiéter de la «bienveillance» dont bénéficierait l'Elysée et demande à être traité «aussi bien» que Jacques Chirac.
«Visage fermé». Une dépêche du 11 octobre avait déclenché l'ire jospinienne. Le Premier ministre et le président de la République séjournent à Perpignan pour un sommet franco-espagnol. L'AFP a deux envoyés spéciaux, l'un accrédité à l'Elysée, l'autre à Matignon. Cohabitation oblige. Ils écrivent notamment: «Plusieurs centaines de personnes massées derrière des barrières métalliques ont manifesté leur enthousiasme chiraquien en scandant "Chirac, Chirac", tandis que Lionel Jospin, le visage fermé, suivait le président de la République.» Jospin est furieux de ce «visage fermé». Six semaines plus tard, il s'en épanchera auprès d'Eveno.
Le 22 janvier, le PDG de l'AFP convie à déjeuner les cadres de la rédaction et des journalistes du service politique pour évoquer la campagne présidentielle. Le mot d'ordre est clair, c'est celui que Jospin a adressé au PDG de l'agence: «Equilibre