A chacun ses inspirateurs. Depuis 1997, Lionel Jospin, Premier ministre, a toujours gardé dans un coin de sa tête Alain Juppé. En guise d'antimodèle pour fixer sa conduite, les jours où il hésite. La tactique a payé: Jospin demeure le Premier ministre le plus populaire de la Ve République, après bientôt cinq années à Matignon. Jacques Chirac, lui, a été traumatisé par sa défaite cinglante à la présidentielle de 1988. Tant secoué «les Français n'aiment pas mon mari», avait alors cruellement diagnostiqué son épouse que depuis il s'est donné pour règle de toujours s'inspirer de son vainqueur: François Mitterrand. Jusqu'à récupérer dans son staff au début de son septennat, son conseiller en communication, Jacques Pilhan.
Asticoter. Le plagiat est d'autant plus vif depuis 1997 que la situation du chef de l'Etat RPR ressemble à celle de son prédécesseur socialiste en 1986. Elu à l'Elysée au troisième essai, obligé de cohabiter avec un Premier ministre d'un autre camp, le mimétisme s'est accentué. Jacques Chirac a accepté sa défaite, marqué son territoire, asticoté le gouvernement et souri aux nouveaux ministres jusqu'à apparaître «sympathique» à certains, comme Mitterrand onze ans plus tôt. Cela a si bien marché que Jospin a été obligé d'y mettre le holà. Mais Chirac est resté «sympathique» aux yeux des Français. C'est même son principal, pour ne pas dire son seul atout, dans la campagne qui s'ouvre.
Jacques Pilhan n'est plus mais Claude Chirac qui a tout appris de lui, entretie