Empêcher une dérive eurosceptique de la gauche, la réconcilier avec un projet où les Français «souffrent de ne plus se reconnaître», bref «se cogner les endroits où ça gratte, où ça frotte et où il y a risque d'abcès», comme le résume plus trivialement le socialiste et commissaire européen Pascal Lamy. A moins de deux ans d'un nouvel élargissement qui promet de révolutionner l'Union, «il y a urgence à ce que la gauche française sache ce qu'elle veut et ce qu'elle ne veut pas», assène un texte publié hier par la Fondation Jean-Jaurès (1) et cosigné par Pascal Lamy et Jean Pisani-Ferry (ex-conseiller de DSK et actuel patron du Conseil d'analyse économique du Premier ministre).
«Carrées». La note de ces deux europhiles se propose de «mettre un peu de charbon dans la chaudière du débat européen». Avec une quarantaine de «propositions carrées» qui s'attaquent aux sujets les plus tabous, de la réforme de la Politique agricole commune (PAC) à l'avenir du service public.
A quatre-vingt-cinq jours de l'élection présidentielle, ce «document politique ciblé sur la gauche qui a des problèmes avec l'Europe» (selon Lamy) cache peut-être le secret espoir de ramener au bercail quelques électeurs détournés par Jean-Pierre Chevènement. Mais il permet surtout de mettre les points sur les i à l'ami Jospin. Et au PS trop souvent crispé sur «des postures défensives» à l'égard de cette Europe pas assez sociale, pas assez démocratique et trop libérale. «Le projet européen de la gauche est incompl