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Libération
TRIBUNE

En route vers la VIe République

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publié le 29 janvier 2002 à 21h50

La Ve République se meurt, chaque jour un peu davantage. Les symptômes de l'interminable agonie se signalent à chaque scrutin par le refus, de plus en plus visible, de plus en plus provoquant, des citoyens d'aller aux urnes. La grève du vote paraît curieusement devenue le seul moyen de se faire entendre d'une classe dirigeante autiste et institutionnellement repliée sur elle-même.

«Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer, de changer sa Constitution. Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations suivantes», proclamait le préambule de la Constitution de l'an I. J'appartiens à cette génération qui ne supporte plus cette République déliquescente. Nombreux sont ceux de tous âges, de toutes classes sociales, de toutes formations, de toutes origines géographiques qui ont décidé de s'engager dans ce grand ouvrage. Car lorsque la politique disparaît à raison du dégoût qu'injustement elle provoque, ce sont tous les citoyens qui, voulant exercer passionnément leur souveraineté, ne peuvent que plier l'échine devant des forces économiques ou financières que plus rien n'arrête.

C'est un discrédit similaire qui frappa, il y a près de quarante-cinq ans, la IVe République: perte de confiance exaspérée dans le système politique. La révolte était dirigée contre l'impuissance des institutions politiques à résoudre les graves questions de l'époque. La maladie d'aujourd'hui est dans la difficulté pour les citoyens de se reconnaître dans des décisions prises en leur nom.