Menu
Libération
Tribune

La République a plus d'une langue!

Article réservé aux abonnés
Diwan ou Bressola, les écoles par immersion s'inscrivent dans le cadre républicain.
par Jean-Pierre CAVAILLE, enseignant à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).
publié le 6 février 2002 à 22h00

Depuis l'arrêt du Conseil d'Etat suspendant l'intégration des écoles Diwan, qui pratiquent la pédagogie par immersion en langue bretonne, on assiste une fois de plus, sous couvert de la laïcité et de la République, à un déchaînement contre une pratique réelle et non muséographique ou folklorique des langues dites «régionales». Rappelons que l'immersion se définit, selon les textes ministériels, «par l'utilisation principale de la langue régionale, non exclusive du français, comme langue d'enseignement, et comme langue de communication au sein de l'établissement».

Claude Allègre, opposé aux mesures adoptées par Jack Lang, avait déjà dit cet été dans l'Express qu'il préférait former «des informaticiens maîtrisant le français et parlant anglais plutôt que des bergers parlants corse ou occitan».

Il y aurait donc la langue noble de l'informatique et les patois des bergers, plus le français dont on ne sait plus que faire. Beaucoup d'esprits obtus ou malveillants l'ont rejoint, revigorés par l'inévitable achoppement sur l'article 2 de la Constitution. Jean-Luc Mélenchon, ministre de l'Enseignement professionnel, a donné une interview à Libération (lire Libération du 4 décembre 2001), où il va jusqu'à mettre en cause le bien-fondé d'avoir fait des écoles par immersion des établissements sous contrat. Ses propos sont un tissu d'injures et de faussetés à l'égard de Diwan et des autres écoles par immersion. Successivement, le ministre nie leur laïcité, parle de «terrorisme intellectuel»,