Bercy passe aux aveux. Avec trois semaines d'avance sur les habitudes de la maison, Laurent Fabius a sacrifié hier à la «vérité», et réajusté sa prévision de croissance pour 2002 devant les experts de la Commission économique de la nation. Histoire éviter tout télescopage avec «un calendrier politique occupé par ailleurs», au dire de son entourage. Histoire surtout, d'évacuer la mauvaise nouvelle avant l'«outing» officiel du candidat Lionel Jospin.
Car coup dur il y a: devant les conjoncturistes, le ministre de l'Economie a admis ne plus compter que sur une hausse moyenne du produit intérieur brut (PIB) de 1,5 % en 2002, la fourchette officielle allant de 1,4 % à 1,6 %. C'est un point de moins que l'hypothèse de croissance sur laquelle repose la loi de finances pour 2002, discutée cet automne et adoptée fin décembre.
A deux mois et demi de l'élection présidentielle, Laurent Fabius se veut irréprochable. Alors que mi-octobre il avait, au nom du «patriotisme économique», délibérément ignoré les sombres pronostics des conjoncturistes, il se range cette fois à leurs avis, reprenant à son compte le «consensus de place». Façon pour lui de museler une opposition prompte à crier à l'imposture.
Et ce, à moindres frais: «Tabler sur 1,5 % de croissance en 2002, c'est implicitement parier sur un redémarrage de l'activité économique au printemps et un très bon second semestre», précise un expert. L'entourage de Laurent Fabius confirme: «La parenthèse ouverte par le choc du 11 septembre est