Londres de notre correspondant
Aux yeux de ses «camarades» travaillistes, Lionel Jospin apparaît plus proche du vieux Labour que de la troisième voie incarnée par Tony Blair. «Il véhicule une image un peu vieillotte», résume Adrian Harvey, directeur de recherche à la Fabian Society, un centre de réflexion proche du Premier ministre britannique. «Pour certains, il constitue même une alternative au modèle proposé par Tony Blair ou Gerhard Schröder». Mais cette image un peu poussiéreuse traduit surtout une méconnaissance du personnage. «La différence entre Lionel Jospin et Tony Blair est avant tout rhétorique. Les deux hommes n'utilisent simplement pas le même langage pour conquérir les esprits et les coeurs. Le chef du PS proclame son appartenance à la gauche traditionnelle. Alors que le second, après dix-neuf ans passés dans l'opposition, est beaucoup plus sur la défensive et cherche avant tout à rassurer l'électorat centriste. Mais leurs politiques, par beaucoup de côtés, se ressemblent.»
Le fossé entre les deux leaders tend à se combler. Par le passé, Lionel Jospin avait pris publiquement ses distances avec un néotravaillisme plus libéral que social. Mais, depuis sa dernière campagne électorale, Blair parle beaucoup moins de troisième voie et renoue avec une thématique sociale-démocrate plus traditionnelle. La priorité est donnée à la relève des services publics. Le Premier ministre vient d'évoquer pour la première fois cette semaine une hausse des impôts, un tabou intouché d