On le croyait mitterrandien, habité du précepte de l'homme aux deux septennats et aux quatre campagnes présidentielles : au premier tour, on rassemble son camp, au second on l'élargit. A la faveur de la publication de son livre d'entretiens, Lionel Jospin déjoue les pronostics et s'émancipe de la règle d'or théorisée par François Mitterrand. A un peu plus de sept semaines du premier tour de l'élection présidentielle, il part en campagne pour le deuxième. Comme si c'était là, et seulement là, que se jouait la vraie bataille, et qu'il lui fallait, dès maintenant, lancer sa double offensive : de séduction de l'électorat centriste, de dégommage systématique de son premier rival, Jacques Chirac.
Formules vagues. Ceux qui espéraient un ouvrage de rupture, l'avènement d'un nouveau Jospin imaginatif et novateur, en seront pour leurs frais. Au long des 283 pages du livre, le Premier ministre se montre prudent et se réfugie facilement derrière les formules vagues. C'est vrai pour son bilan, thème passablement ressassé, sur lequel on attendait peu de nouveauté. C'est vrai particulièrement, de façon plus étonnante, pour la troisième partie, intitulée Réflexions et projets, dans laquelle il esquisse son programme.
Certes, le livre n'avait pas vocation à égrener les engagements du candidat. Piloté par Pierre Moscovici, ce travail n'est pas encore fini. Une plaquette comportant des promesses précises sera diffusée mi-mars. Néanmoins, au fil des pages du livre, deux tendances se dégagent. Tou