La maison est prête. Les rideaux sont posés. Les lits doubles des trois chambres sont faits, habillés de gros oreillers et de couettes jaunes. Les placards de la cuisine ne demandent qu'à être remplis. Les fauteuils et le canapé du salon tendent les bras. Les grandes baignoires, les tabourets et les cordes faites de tresses de foulards colorés des salles de naissance attendent les premiers cris des nourrissons. C'est un nid conçu pour accueillir de 12 heures à 48 heures les futurs pères et mères et leur bébé.
Voilà plus de quatre ans que Doris Nadel, Ariane Steinberg, Françoise Servant et Christine Gagné, sages-femmes libérales dans l'agglomération de Montpellier, et Brigitte Carenne, leur business angel, bichonnent leur maison de naissance pour «les femmes qui veulent accoucher et non plus se faire accoucher». Longtemps projet sur le papier, la maison de naissance s'est matérialisée en 2001, grâce à un héritage de Brigitte, par l'acquisition d'une villa d'un quartier résidentiel de Montpellier, à trois minutes du CHU Arnaud-de-Villeneuve et de deux cliniques pour le cas où un transfert serait nécessaire. Mais cette maison, pourtant bien réelle, n'est encore qu'un rêve. Ses «mères» courent après un feu vert des autorités sanitaires, longtemps promis. Et piaffent d'impatience. Elles commencent à penser que Bernard Kouchner, le ministre de la Santé, n'est pas aussi pressé qu'il veut bien le dire de favoriser les expériences visant à répondre aux souhaits des femmes d'accoucher