Washington de notre correspondant
Un Américain cultivé peut citer les noms de deux ou trois candidats français : dans l'ordre, Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen et (parfois) Lionel Jospin. Quasiment personne, en revanche, n'a idée de l'existence du troisième homme de la campagne, Jean-Pierre Chevènement. Le New York Times n'a jamais imprimé son nom depuis sa démission du gouvernement, c'est dire. C'est un peu dommage, sachant qu'aux yeux des rares personnes qui connaissent bien la France, Chevènement est un vrai sujet d'émerveillement. Si exotique, si difficile à classer !
«Vieil ami». Lorsque la presse s'aventure à évoquer sa présence dans la campagne, elle a toutes les peines du monde à le définir en quelques lignes. Le International Herald Tribune estime qu'il «vend un mélange de nationalisme et de populisme, avec des références aux valeurs traditionnelles, cherchant à trouver des soutiens à la fois à droite et à gauche». Le Washington Post évoque la présence «intrigante» de ce «socialiste connu ici sous le nom de Che, vieil ami de Jospin», qui a «forgé sa réputation d'homme de principe» lorsqu'il avait quitté le gouvernement en 1991, pour s'opposer à la participation de la France à la guerre du Golfe contre l'Irak.
Dans un article consacré au «virage à droite de l'Europe», un bimensuel de gauche de Chicago, In These Times, estime, lui, que sa percée s'inscrit dans un mouvement général xénophobe dont serait saisie l'Europe depuis le 11 septembre. Il évoque le «glissement trè