La discipline est la force principale des armées. La suppression du service national et la professionnalisation des troupes une réforme de l'Etat réussie en moins de cinq ans semble illustrer l'adage. «Mais si elle avait échoué, combien d'experts nous auraient expliqué que c'était naturel puisque l'armée est par nature conservatrice», assure François Heisbourg, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique. «C'est incontestablement l'une des grandes réformes de l'Etat», se réjouit Jean-François Bureau, porte-parole du ministère de la Défense. «De 1996 à 2002, les effectifs militaires sont passés de 498 000 à 355 000 et le service militaire a même été arrêté avec un an d'avance sur le calendrier initial.» Sans traumatisme majeur, même si l'armée professionnelle affronte, aujourd'hui, sa première vraie crise sociale, à la suite du mouvement des gendarmes.
Accélérateur. Le 22 février 1996, Jacques Chirac élu depuis moins d'un an annonce à la télévision le passage à l'armée de métier. «Depuis 1993, les Français étaient devenus de plus en plus favorables à une armée professionnelle et la majorité y était favorable en 1997, explique le sociologue Henri Mendras (1). Il y avait peu de différences entre les orientations politiques des électeurs sur ce point. Seuls les deux extrêmes (PCF et FN) étaient en majorité partisans du maintien du service national.»
Cette réforme ne tombe pas alors du ciel. «On y travaillait depuis quinze mois et l'élection de Chirac a donné un