Lille envoyé spécial
Un quart d'heure. C'est le temps qu'il a fallu à Lionel Jospin pour remonter, hier soir à Lille, les 220 mètres du chapiteau tout en longueur qui accueillait le premier de ses dix grands meetings régionaux. A 20 h 20, aux premières notes du morceau Ensemble de Jean-Jacques Goldman, le candidat-Premier ministre, flanqué de l'hôte des lieux, Martine Aubry, a jailli tout au bout d'une gigantesque structure métallique qui a nécessité quinze jours d'installation. Quinze minutes d'un chahut mêlant embrassades, poignées de main à la volée et bousculades pour se frayer un chemin parmi plus de 12000 militants venus de toute la région Nord-Pas-de-Calais, mais aussi de Belgique, qui l'acclamaient aux cris de «Lionel Président !». Une cohue telle qu'à peine son discours entamé, un organisateur s'est hissé sur la scène pour lui susurrer que son col était passé sous sa veste. Se rajustant, Jospin s'est tourné vers la salle : «Forcément, avec le traitement que vous m'avez infligé, mon costume est un peu fripé... Mais mon esprit et ma volonté ne le sont pas !» Un quart d'heure de liesse prélude à une heure et quart d'un prêche au cours duquel le candidat socialiste a placé le duel présidentiel sous l'enjeu de la «vérité».
Devant un décor sobre où s'inscrivaient en bleu et blanc sur fond rouge ses cinq «engagements» (une France active, sûre, juste, moderne et forte), il a pilonné la pratique chiraquienne pour mieux décliner son «présider autrement». Combatif et décidé à «l