Aïcha est venue se faire poser un stérilet. «A cause de la politique actuelle, avec mon mari, on est tous les deux au chômage.» Il y a des fleurs sur la table basse, des photos d'enfants sur les murs. La salle d'attente des consultations de la maternité des Bluets, à Paris maternité, gynécologie, planning familial et anesthésie est douillette, jaune et bleu layette. Aïcha a 39 ans, et deux garçons, bientôt quatre ans et huit mois. «Heureusement que côté famille, ça va», parce que le travail, c'est pas ça. «D'ailleurs, mon mari est en grève aujourd'hui», après un contrat de trois ans pas renouvelé fin janvier. Scientifiques, ils travaillent tous les deux pour le Muséum d'histoire naturelle, un établissement public qui dépend de plusieurs ministères et «n'a pas de directeur à cause de la politique».
«Gros problème». Aïcha dit que droite et gauche n'arrivent pas à se mettre d'accord sur un nom. «S'ils pouvaient séparer la politique et la science... Ils mêlent la politique à tout. Ça, c'est un gros problème.» Résultat, «je ne voterai ni pour Jospin ni pour Chirac, poursuit Aïcha. Je ne vois pas de différence du tout».
Pour Karine, 28 ans, la campagne, c'est «du rabâchage, du déjà-vu, déjà entendu». Son premier enfant doit naître fin avril, et elle pense reprendre son travail en septembre. A 35 heures? «En fait, on travaille plus que 35 heures, et on est payés en heures sup, on n'a pas de temps en plus.» C'est que, dit Sandrine, c'est l'économie qui mène le monde. «Je travaille