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Libération

Courtoisie, malgré tout

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Un Espagnol envie la qualité des interventions.
par Joaquin Prietocorrespondant à Paris d'«El Pais» (Espagne)
publié le 14 mars 2002 à 22h35

Interrogez n'importe qui à propos des campagnes électorales espagnoles : votre interlocuteur évoquera immédiatement un échange d'accusations personnelles graves entre les adversaires politiques, voire d'injures. Crispation qui se prolongera pendant toute la législature. En comparaison, la campagne électorale française se déroule entre politesse et bonne éducation, sauf ces derniers jours.

Embuscade. Les couteaux sont tirés depuis longtemps en France, mais ils sont presque toujours restés sous la table. Cinq ans après, les acteurs, dissimulant qu'ils se haïssent, se rencontrent chaque mercredi à l'Elysée, se saluent lors des cérémonies officielles, laissant leurs cabinets tendre les embuscades. Bref, cinq ans avec le chef de l'opposition à la présidence et un gouvernement qui joue en contre, voilà un spectacle unique au coeur de l'Europe.

Une telle attitude est-elle meilleure ou pire que de s'affronter face à face ? Au sud des Pyrénées, un gouvernement (celui d'Aznar) fait «fuiter» une prétendue réunion «secrète», en pleine crise Madrid-Rabat, de l'ex-président du gouvernement Felipe González avec le roi et le Premier ministre marocains, à seule fin d'accuser cet adversaire de traîtrise. Dénoncé à grand tapage, ce bobard n'a tenu que quelques heures, mais les intentions de ses inventeurs ne pouvaient être pires. Ainsi se passent les choses dans certaines démocraties, plus récentes que la française, il est vrai.

Le point décisif est de préserver la qualité et l'intensité de la dé