«Si, le temps libre change la manière de travailler?», Sophie, 37 ans, cadre dans une agence de com' n'hésite pas une seconde: «oui, oui et oui». Cette stakhanoviste du boulot, autrefois spécialiste des journées marathons «dans le milieu, on ne sait pas travailler autrement que dans le rush» , toujours pendue au téléphone avec la baby-sitter pour gratter une heure sur le soir, réquisitionnée parfois le week-end et consentante pour l'être, est passée de l'état de «superbosseuse extradisponible» à celui de: «Quand je ne suis pas là, ils se débrouillent aussi bien sans moi.»
Ses deux mercredis de pause par mois qu'elle consacre à Juliette, 9 ans, et à Adèle, 5 ans, l'ont rapidement convertie au «y a pas que le boulot dans la vie» et conduite à adopter sur son lieu de travail une attitude beaucoup plus distante, «puisqu'il y a un après, le travail devient simplement un travail, rien de plus». Elle estime que ces 22 jours de RTT ont immunisé la plupart de ses collègues du virus: «Plus on se défonce, meilleur on est.» Et réduit considérablement le pouvoir de nuisance des chefs. «Ils ont été un peu énervés au départ de ne plus avoir tout le monde sous la main et puis ils ont dû apprendre à lâcher la bride.» En faisant éclater les collectifs de travail, en redonnant à chacun la maîtrise de son emploi du temps, la RTT a sensiblement développé l'autonomie au travail. Même si ce constat vaut plus pour les cadres que pour les ouvriers. Sophie en ressent les bienfaits: «Je travaille pl