La déléguée syndicale CGT a pris la main de sa collègue CGC. Elle l'a pressée longuement. Elles se sont regardées, cela voulait dire: «On a gagné, elle est là», avec une armada de caméras et d'appareils photos. «Elle», c'est Arlette Laguiller. Les deux syndicalistes, ce sont des salariées licenciées de Cerruti. En juin 2001, leur maison a été rachetée par un holding luxembourgeois, qui leur a donné le choix: s'expatrier en Italie pour travailler en usine, ou toucher des indemnités misérables (Libération du 8 mars).
Rideau. Depuis, les stylistes et petites mains tentent de contrer le mauvais sort, de percer le rideau médiatique. Et sonnent à toutes les portes des présidentiables. «Chez Arlette Laguiller, on nous a répondu en vingt-quatre heures, s'étonne encore l'ex-responsable média de Cerruti. Elle a changé son emploi du temps pour nous. Elle a été formidable.» Effectivement, sur le trottoir, devant les vitrines de la boutique de luxe, la candidate trotskiste semble chez elle. Elle salue chacune et chacun, s'enquiert des difficultés et pose pour les photographes. Et dit les mots que les filles de Cerruti veulent entendre: «Ce qui me révolte, c'est qu'on met des travailleuses à la porte, sans aucun respect. Je constate, dit-elle en désignant les gros gras qui gardent les portes, qu'ici on peut payer des vigiles très chers, mais pas les indemnités de licenciements, ce sont des méthodes de voyous.»
Plus Arlette Laguiller parle, plus le visage des employées se décompose. En fait-