Strasbourg

de notre correspondante

Au dernier moment, il a fallu déménager les drapeaux rouges. La salle initialement réservée par les amis d'Arlette Laguiller au Palais des congrès de Strasbourg s'était révélée trop petite. L'assistance a rempli aisément une salle de 900 places. Jusqu'à présent, seul Jacques Chirac avait fait mieux, une semaine auparavant. La veille, Madelin avait fait un bide.

Ce mercredi soir, l'ambiance n'est pas trop «travailleuses travailleurs». C'est surtout un meeting jeune: lycéens et étudiants, familles avec enfants, public en basket, en pantalon large et top court. Il y a là, bien sûr, le carré des militants de Lutte ouvrière. Ceux-là placent les gens avec une mécanique de précision ­ les fidèles dans les premiers rangs et au milieu, c'est plus efficace pour les applaudissements.

«Dernière fois». Il y a les sympathisants déjà presque convaincus. Une jeune femme qui termine son internat de médecine: «J'aime bien Arlette. Je suis venue écouter ce qu'elle dit en vrai.» Un fonctionnaire, en poste à la police de l'eau: «C'est l'un des rares candidats qui soit honnête. D'habitude, je vote Vert, mais là j'hésite. Arlette, elle est plus humaine, c'est elle qui défend le mieux les moins protégés de la société. En plus, c'est peut-être la dernière fois qu'elle se présente, alors c'est peut-être le moment de voter pour elle.» Deux lycéennes de terminale, scolarisées dans l'un des établissements les plus prestigieux de la ville, qui n'ont pas encore l'âge d'aller