Autrefois citadelle imprenable, l'Amérique n'est plus la Bastille des ambitions cinématographiques françaises. Des brèches se sont ouvertes. Entrouvertes, plutôt, car, à regarder de près le sourire condescendant d'Hollywood lorsqu'on évoque l'«invasion» des «french films», il n'y a pas péril en la demeure. Pourtant, de plus en plus de films français sont vus outre-Atlantique, ce qui contredit une tendance à la disparition des films «étrangers» tout au long des années 90. Depuis que Roosevelt a aimé «la Grande Illusion» de Renoir et en a recommandé la vision «à tous les gens de bonne volonté», les principaux «auteurs» continuent à être diffusés dans les salles proches des campus universitaires. Par ce biais, les films de la Nouvelle Vague avaient fait de Godard ou de Truffaut des cinéastes célèbres. Depuis, les universitaires et leurs étudiants continuent de suivre les aventures de Pialat, Tavernier, Garrel et autre Téchiné, rejoints très récemment par la cohorte des «femmes cinéastes» qui attirent l'attention dans un pays où les «gender studies» (1) ont pignon sur rue. N'a-t-on pas récemment colloqué sur le cinéma de Rohmer à l'université de Chicago? La nouveauté absolue, c'est le succès plus «massif» d'un film comme «Amélie Poulain», qui réunit la griffe de l'auteur et une diffusion populaire. Sa réussite tient essentiellement dans la fabrication d'un petit bonheur qui paraît, à beaucoup d'Américains, «so typically french», une forme de pavé de Paris numériquement nettoyé
Série
Un pays décomplexé (3/5) : la ""nouvelle Nouvelle Vague""
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publié le 20 mars 2002 à 22h39
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