Est-ce si dur de prononcer son nom ? Hier, venu défendre à Grenoble son projet d'une « France active », Lionel Jospin s'est livré, malgré lui, à un bel exercice de style autour de la façon de désigner son rival, cherchant, avec difficulté, la meilleure solution. Il a tenté des périphrases : « J'entends certains dire que... » ; « contrairement à d'autres ». Percevant l'artifice du procédé, il s'est décidé à parler de « Jacques Chirac ». Il a donc trouvé un compromis : « le candidat... du RPR » après une longue hésitation. Eclats de rire dans la salle et justification de l'orateur : « Oui, il y a plusieurs appellations possibles... »
Chirac ou comment l'appeler... Patente depuis 1997 il avait d'emblée forgé une expression inédite : « l'autre tête de l'exécutif » , cette difficulté jospinienne est devenue, depuis le début de la campagne, un véritable casse-tête. Pas question de dire « Président » ou « chef de l'Etat » : ce serait se placer en position d'infériorité. Mais dire simplement « Jacques Chirac », il a de la peine. Comme si c'était trop direct. D'où le recours aux périphrases : « certains candidats », « d'autres », « d'autres candidats ». Afin, a-t-il expliqué sur France 3 mardi soir, que « l'on ne pense pas que je ne pense qu'à lui » (Chirac).
Mais quand il s'agit de faire la différence avec son rival, ne pas le nommer devient contreproductif. Hier, dans la dernière demi-heure de son intervention, il a parlé trois fois de « monsieur Chirac » ou de « Jacques Chirac