La grimpette d'Arlette les inquiète. A 10 % d'intentions de vote dans les sondages, la porte-parole de Lutte ouvrière agace sérieusement les socialistes. Et contraint Lionel Jospin à s'atteler à un nouveau défi : dégonfler le vote d'extrême gauche au premier tour sous peine de ne pas récupérer ses bataillons au second. Hier, le casse-tête a occupé une bonne partie de la réunion hebdomadaire du conseil politique, l'aréopage de 70 hiérarques socialistes rassemblés chaque mercredi matin au QG de campagne. Une heure trente d'un remue-méninges à l'issue duquel l'escouade jospiniste est ressortie avec une nouvelle feuille de route : se concentrer sur l'échéance du premier tour en mettant le cap à gauche.
« La campagne de premier tour doit être centrée sur notre électorat » et sur « une ligne de gauche », a résumé à la sortie le premier secrétaire du PS, François Hollande. Avant de s'en prendre une nouvelle fois à Arlette Laguiller : « Qu'est-ce que cela veut dire être d'extrême gauche si on refuse de choisir entre la gauche et la droite ? »
Car l'ascension de la candidate de LO a ouvert les yeux de Lionel Jospin sur les dangers de son inclination trop centriste. Il entend désormais attiser le clivage droite-gauche pour mieux mobiliser son électorat traditionnel et limiter les dégâts du vote protestataire. Une inflexion que le candidat socialiste a explicitée dans le huis clos du conseil politique : « Le projet de Jacques Chirac est un projet inégalitaire tourné vers les privilégiés