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Libération

«On n'avait jamais parlé politique avant»

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Dans le Paris-Dieppe, avec quatre femmes, professeures de musique.
publié le 22 mars 2002 à 22h40

Elles sont quatre à se retrouver chaque semaine dans le même train. Le Paris-Dieppe via Rouen-rive droite, départ de la gare Saint-Lazare à 10 h 51. Ce matin, les composteurs sont en panne «suite à l'incendie du 16 mars», explique le haut-parleur. Les cheminots jouent les poinçonneurs sous la grande verrière où persistent encore des effluves âpres de feu éteint. Valérie, Ann, Aude et Emmanuelle s'installent dans la voiture 15, en tête du train. Elles ont entre 24 et 38 ans et sont professeurs de musique. Ann et Aude enseignent au conservatoire de Rouen. Valérie et Emmanuelle à celui de Dieppe. Les deux carrés de banquette, où elles ont posé leurs bagages, tiennent d'habitude lieu de «réunion pédagogique», dit Ann mais aussi de retrouvailles plus familières.

«Intuition». Les jeunes femmes se sont visiblement approprié ce trajet comme un temps singulier, à l'écart de leur vie familiale à Paris et de leur vie professionnelle en Seine-Maritime. «Avant aujourd'hui, nous n'y avions jamais discuté de politique, remarque Valérie. J'ai un peu honte de le dire mais j'ai du mal à m'y intéresser. Je me suis sentie concernée quand Jospin a été nommé Premier ministre car je le trouve sincère. C'est mon intuition. Les autres, ils sont enfermés dans la séduction comme dans une bulle et ils ne cherchent qu'à se descendre entre eux. Jospin, lui, il cherche à faire quelque chose même s'il y a un risque d'erreur.»

Sur l'autre banquette, Constance, cinq mois et demi, tète sous le gilet gris d'Ann.