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Libération
Enquête

Le nouveau désir gay

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L'envie d'enfant dans les couples homosexuels s'exprime de plus en plus ouvertement. Il y a ceux qui revendiquent le droit d'adopter et ceux qui procréent grâce à de petits arrangements entre amis.
publié le 23 mars 2002 à 22h41
(mis à jour le 23 mars 2002 à 22h41)

Il suffit d'un pot de confiture et d'une seringue pour faire un enfant. L'homme éjacule dans le bocal, donne la seringue à la femme qui l'introduit dans l'intimité de son corps. C'est ainsi que Julien est devenu père, grâce à Nathalie, la compagne de Sophie. Lui vit avec Pierre depuis dix ans. Deux cadres, bien installés dans la vie, issus de la bourgeoisie intellectuelle pour l'un, catholique pour l'autre. Avec son allure d'adolescent sage malgré ses 32 ans, Julien rapproche le geste techniquement froid d'une conception ordinaire. «La méthode artisanale est la plus simple et la plus conviviale, dit-il. Pour moi, un enfant se fait à la maison, pas à l'hôpital avec l'aide d'un médecin.» Après chaque tentative d'insémination, ils se faisaient un petit dîner à quatre. Les deux couples s'étaient connus un an auparavant par l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL). «Notre rencontre a été comme un coup de foudre, avec l'envie d'être toujours ensemble. Durant un an, nous nous sommes vus deux fois par semaine. Nous passions en revue tout ce qui est évident pour un couple hétérosexuel : quel type de garde ? Noël ensemble ? Ecole publique ou privée ? Coca à table ?» L'autorité parentale revient au père et à la mère biologiques. L'éducation, elle, est partagée entre les deux couples, règles et devoirs consignés dans une charte de coparentalité. Marie est née en 2001. «Dès la première heure, nous étions tous les quatre autour d'elle, tout étonnés de nous voir