Vous avez dit ennuyeux ? L'Allemagne suit la campagne électorale en France avec intérêt mais sans aucune excitation particulière. Les raisons sont évidentes : on connaît Jacques Chirac, qui jouit, avec son franc-parler parfois marrant, d'une certaine popularité. Lionel Jospin est moins connu, il a néanmoins la réputation d'un Premier ministre compétent ah, c'est le protestant socialiste qui a privatisé plus que les gouvernements de droite avant lui ! Avec l'un comme avec l'autre, on pourrait donc bien vivre et faire redémarrer le moribond moteur franco-allemand.
Idéologies recuites. Une majorité de Français trouve que les programmes de Chirac et de Jospin se ressemblent avec moi, cela fait un de plus. Et c'est pourquoi ils trouvent la campagne ennuyeuse moins un, moi. Elle est fascinante, cette campagne. Pourquoi ? Ceux qui attendent une polarisation gauche-droite se trompent de siècle : c'est terminé en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France. C'est François Mitterrand, qui, en 1983, après avoir permis aux camarades de jouer au socialisme, a décrété du jour au lendemain : «Fini, passons aux choses sérieuses.»
Dans cette élection, le duel entre Jospin et Chirac se gagnera au centre. Ce serait donc suicidaire pour l'un comme pour l'autre de donner des frissons avec des idéologies recuites. La bataille entre les deux hommes se jouera essentiellement autour des caractères, de la tactique, de la psychologie, des colères et des sourires sur mesure. Fascinant. Karpov contre K