Le 18 janvier, Libération publiait en pages Rebonds une pétition intitulée «Les citoyens contre la banalisation de l'antisémitisme». A l'initiative de Jacky Mamou, pédiatre, président d'honneur de Médecins du monde, et de Jacques Lebas, médecin aussi, président de l'Institut de l'humanitaire, le texte formulait «une inquiétude face à la récurrence des agressions qui touchent, en France, des personnes, des écoles ou des lieux de culte juifs». Présenté comme une «initiative républicaine», cet appel à «vivre ensemble» dans des «valeurs de laïcité et de tolérance» se doublait d'une adresse «aux femmes et aux hommes politiques en charge des plus hautes responsabilités de la République ou qui aspirent à l'être» pour qu'ils «précisent leur position et fassent part de leurs propositions sur ce problème avant que des drames ne viennent douloureusement le rappeler».
Défiance. Très vite, signée d'abord par une centaine de personnalités de toutes confessions, la pétition est un succès. Un mailing est envoyé aux députés. Déjà, une trentaine de parlementaires ou élus locaux ont répondu à l'appel. Mais surtout, 5 325 anonymes ont à ce jour donné leur aval à ce texte, profitant librement du site Internet et des échéances électorales pour dire leur désarroi ou leur colère (1). Certains évoquent leur propre peur, comme la personne qui écrit : «Je ne souhaite pas donner mon adresse, de crainte qu'un jour "ils" viennent nous chercher», ou celle qui témoigne : «Mon fils de 13 ans est obligé d'emp