Pas de panique, pas de stress, jusqu'ici tout va bien... Telle est du moins la fumée blanche émise depuis le siège de campagne de Lionel Jospin. D'ailleurs, le conseiller ès opinions du candidat socialiste, Gérard Le Gall, l'a seriné hier matin à ses camarades: «Ne tenez pas compte des sondages, ils ne veulent rien dire.» Ça tombe plutôt bien car ils ne sont pas tous fameux. La courte avance de Jospin a fondu.
A 27 jours du premier tour, les deux favoris se retrouvent au coude à coude. «Nous sommes dans un faux plat, résume un dirigeant. Nous n'avons d'autre choix que de pédaler le nez dans le guidon, face au vent, en attendant les derniers cols.» La semaine dernière, l'annonce du projet aux Français a été parasitée par deux effets de communication mal maîtrisés : les excuses de Jospin, «désolé» d'avoir égratigné l'âge de Chirac et le lancement d'un slogan, «Zéro SDF en 2007 !», trop spectaculaire pour ne pas écorner le bien le plus précieux du candidat : sa crédibilité. En prime, Noël Mamère a ajouté son grain de zizanie en menaçant de ne pas se désister si Jospin n'ouvre aucune perspective de sortie du nucléaire. Voilà ce dernier aux prises avec un double défi : relancer l'offensive contre Chirac tout en apaisant les tensions au sein de la gauche plurielle.
But. Pour surmonter le premier, Jospin veut remettre son projet sur le métier, en insistant sur «l'utilité» de ses propositions pour les salariés et les exclus. L'argumentaire doit lui permettre tant de limiter les dégâts