Une idée courte et paresseuse occupe assez largement le débat politique aujourd'hui, celle de l'épuisement de l'opposition de fond entre la gauche et la droite.
Pourquoi se référer encore à l'image d'un combat entre deux perspectives radicalement opposées, nous disent de bons esprits, alors que les différences à l'intérieur de chaque camp, sur le rôle du marché, sur l'Etat moderne, etc., semblent de plus en plus l'emporter sur celles qui séparent les deux camps ? Pourquoi ne pas reconnaître qu'aucune référence à un clivage structurel ne peut désormais guider nos choix, et que ce qui distingue les principaux candidats tient à leur trajectoire personnelle, à leur psychologie, à leur personnalité à la limite, à leur style et assurément pas à leur appartenance politique ?
Il est vrai qu'à gauche comme à droite, les éléments à partir desquels se sont forgées les identités dans le passé semblent avoir perdu de leur vitalité, ou de leur pertinence. Ainsi, la gauche, puisque c'est d'elle qu'il sera question ici, s'est éloignée des utopies de type socialiste et rejette toute visée révolutionnaire, elle a perdu le goût de la planification, et, surtout, elle est orpheline d'un mouvement ouvrier dont les combats d'antan donnaient un sens général à son action. Ne faut-il pas en déduire qu'elle n'est plus idéologiquement que l'ombre d'elle-même, laissant aux extrêmes le soin de développer les idées les plus critiques ou la nostalgie du Grand Soir ?
Ce type de diagnostic repose en fait su