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Interview

«Il n'y a pas une sexualité plus ""normale"" qu'une autre»

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Sabine Prokhoris décrypte la position de la psychanalyse par rapport à l'homophobie:
publié le 27 mars 2002 à 22h43

Psychanalyste, agrégée de philosophie, Sabine Prokhoris avance dans son livre le Sexe prescrit (1) que la différence des sexes, loin d'être une donnée de la nature qui ordonnerait le monde, est une «formation de l'inconscient».

La psychanalyse est-elle homophobe ?

Des dérives homophobes ont lieu lorsque certains psychanalystes s'érigent en porte-parole de la psychanalyse, considérée comme une vision de l'homme et du monde. Ils prétendent délivrer une espèce de vérité sur ce qu'est l'humain, et comment il doit vivre. Or, ces points de vue s'inscrivent dans une trahison de la position psychanalytique. La psychanalyse est, au contraire, une méthode de traitement de la souffrance psychique. Elle accueille une parole singulière en dehors de tout jugement. Toute prise de position homophobe est donc contraire à l'éthique psychanalytique. La psychanalyse n'a pas à donner la norme de la sexualité.

Pourtant, au moment du Pacs, certains psychologues se sont érigés en experts, décrétant ce que doivent être un homme, une femme, un couple... ?

Le débat du Pacs a fait ressortir des positions réactionnaires, qui sont la conséquence d'une absence de réflexion critique sur la question de la relation entre les sexes et ce qu'est l'appartenance à un sexe. On a pris comme une donnée de base, quasiment naturelle, la «différence des sexes». Mais cette différence n'est pas une réalité, c'est une façon de se représenter ou d'interpréter la relation entre les sexes. C'est en partie une formation de l'inc